La pornographie à portée des jeunes

On n’a jamais autant parlé de sexe. A tel point que dès l’entrée en sixième, des « affaires » sont constatées dans les collèges. Les directeurs et proviseurs de collèges et lycées sont unanimes sur cette problématique : la pornographie via le numérique est en train de devenir un problème de santé publique.

En effet, si les relations familiales ont changé avec l’arrivée du numérique, les relations entre jeunes ont aussi été bouleversées par l’omniprésence du téléphone/smartphone/Iphone… qui est devenu une extension de leur main et de leur cerveau. Il leur est indispensable, voire vital, d’être présents sur les réseaux sociaux pour « exister ». La publication instantanée des « j’aime » ou « j’aime pas » les enferme dans cette recherche virtuelle de reconnaissance.

L’outil numérique confronte les jeunes au sexe sur le plan pratique alors, qu’en réalité, ils ne savent pas grand chose. À force de regarder des séquences porno sur l’écran de leur téléphone, ils fantasment et croient que ce qu’il voient est l’expression de la sexualité et du plaisir. Ils imaginent que « c’est comme ça qu’on fait ». Certains échafaudent des plans, voire les mettent en oeuvre. C’est ainsi que des directeurs d’établissement se trouvent à gérer des situations de crise comme, par exemple, lorsqu’une élève s’est exposée sur les réseaux en train de commettre un acte sexuel avec une inconscience absolue. On parle alors de michetonnage qui est le fait d’agir comme une prostituée non professionnelle. A 13 ans, c’est tôt.

Les jeunes ne savent pas qu’une relation peut se construire avec une attirance, des rencontres, des discussions, du temps, avant que les relations physiques ne prennent place. Le sexe est partout, premier, obsédant, déstabilisant pour les relations homme/femme. La fille devient actrice autant qu’ « objet de consommation ». Garçons et filles sans limite et sans respect – respect de soi et respect des autres – sont touchés par l’hypersexualisation. Ce fléau est destructeur car non seulement il abîme les jeunes de façon durable, mais il leur fait perdre confiance en eux puisqu’ils n’arrivent pas à reproduire les exploits qu’ils voient faire. Ainsi beaucoup de jeunes sont en panne d’estime de soi, alors que c’est une clef fondamentale de leur croissance et de leur épanouissement. (Et ce n’est pas la série SexEducation sur Netflix qui va les aider, bien au contraire.)

Pour lutter contre ce fléau, certains établissements proposent des séances d’éducation « affective et sexuelle », en dissociant garçons et filles, pour respecter les différences de maturité de chacun et permettre aux jeunes de parler librement sans craindre le regard de l’autre sexe. Le gynécologue Israël Nisand, passe depuis 20 ans dans des collèges et lycées et s’inquiète de la dérive du rapport des adolescents à la sexualité.

Prendre conscience de la réalité de ces situations n’est pas porter un jugement sur des jeunes ou leurs familles, c’est tirer un signal d’alarme. Le sujet est grave et il est urgent que la société comprenne à quel point, les jeunes abîmés par l’envahissement de cette hypersexualité, auront des difficultés pour être heureux et épanouis dans leur vie d’adulte. Demandez aux psychologues comment leurs consultations ont évolué.

L’association Issmène propose à Boulogne-Billancourt, une conférence sur ce sujet « Pornographie en ligne, comment protéger et accompagner nos enfants » à l’espace Bernard Palissy, le mercredi 29 janvier 2020, à 19h30. Inscription.

Au delà de ce constat, il est urgent que les parents, premiers éducateurs de leurs enfants, apprennent à leur parler d’amour et de sexe et veillent sur la relation que chaque enfant entretient avec son téléphone !

 

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