Du bon usage du principe de précaution

Il fait chaud, très chaud même en cette fin juin, si chaud que tout le monde fait de la prévention. Télévision, radios, journaux : vous devez boire, vous abriter de la chaleur, fermer vos volets, … bref, c’est sympa mais ces conseils sont si évidents qu’on tombe dans l’assistanat. Il est vrai que l’épisode de la canicule de 2003 en a échaudé plus d’un… d’où ce « précautionnisme » multimédias.

Mais était-ce une raison suffisante pour repousser le brevet des collèges? De quoi a-t-on peur à ce point ? Que les collégiens fondent? Qu’ils ratent leur brevet car ils auront eu du mal à se concentrer? Chantonnons donc tous ensemble « Y fait trop chaud pour tra-availler … »

Pourquoi le principe de précaution a-t-il été appliqué dans cette situation mineure du brevet, et pourquoi n’est-il pas appliqué lorsqu’il s’agit de prévoir des lois qui touchent à l’intime de l’homme, à son humanité, qui vont bouleverser le tissu social au sens propre comme au figuré.

La prochaine loi de bioéthique qui doit être discutée inaugure en effet des possibilités nouvelles, quasi révolutionnaires, sans qu’aucun principe de précaution (ni même de garde-fou, ce qui pourrait être plus approprié), n’apparaisse.

La PMA sera donc ouverte 1/aux couples qui rencontrent des difficultés de stérilité et pour lesquels un traitement médical, un soin, est nécessaire (ce qui existe aujourd’hui) et 2/aussi à des couples de femmes qui n’ont pas de problème médical à corriger mais ont un désir d’enfant. Il ne s’agit pas de juger ce désir d’enfant mais de poser la question : qu’est ce qui prime? le désir d’enfant ou le droit de l’enfant à avoir un père et une mère, et aussi, savoir d’où il vient ? Accessoirement, la sécurité sociale qui a toujours les mêmes difficultés financières remboursera toutes les PMA au motif de l’égalité.

La filiation sera profondément remise en cause. Ecoutons la souffrance des « nés de père inconnu ». L’application d’un principe de précaution voudrait qu’au moins leur position serve d’exemple, de vécu, et ne soit pas reproduite avec la bénédiction de l’Etat ! On pourrait aussi regarder les difficultés des femmes qui élèvent seules leurs enfants, et dont les signaux d’alarme se trouvent dans la précarité, l’absentéisme scolaire et la petite délinquance pour rester dans les grandes lignes.

D’autres modifications graves seront ainsi débattues comme : la possibilité de faire naître un enfant post mortem et donc d’emblée, de faire naître un orphelin; la généralisation des dépistages génétiques qui conduira au tri des embryons et à d’autres fins certainement; la suppression de l’obligation de recueillir le consentement éclairé préalable du couple concernant la conservation des embryons pour un usage à déterminer (dons à un autre couple, conservation, recherche, destruction), …

Ne nous leurrons pas, la GPA est au bout de ce chemin, avec le trafic du corps humain et la marchandisation du corps de la femme, un nouvel esclavage a déjà commencé.

Ecoutez les réflexions de Sylviane Agacinski, philosophe, sur France Inter.

Lisez Généthique.

Et si dans ce contexte de bioéthique, l’absence du principe de précaution garantissait une entière liberté à des entreprises, à des lobbies, à des laboratoires, à des intérêts particuliers ou politiques ?

 

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