Il y a un homme dont une portion considérable de l’humanité reprend les pas sans se lasser jamais, et qui, tout disparu qu’il est, se voit suivi par cette foule dans tous les lieux de son antique pèlerinage, sur les genoux de sa mère, au bord des lacs, au haut des montagnes, dans les sentiers des vallées, sous l’ombre des oliviers, dans le secret des déserts.
Il y a un homme mort et enseveli, dont on épie le sommeil et le réveil, dont chaque mot qu’il dit vibre encore et produit plus que l’amour, produit des vertus fructifiant dans l’amour.
Il y a un homme attaché depuis des siècles à un gibet, et cet homme, des millions d’adorateurs le détachent chaque jour de ce trône de son supplice, se mettent à genoux devant lui, se prosternent au plus bas qu’ils peuvent sans en rougir, et là, par terre, lui baisent avec une indicible ardeur les pieds sanglants.
Il y a un homme, flagellé, tué, crucifié, qu’une inébranlable passion ressuscite de la mort et de l’infamie, pour le placer dans la gloire d’un amour qui ne défaille jamais, qui trouve en lui la paix, l’honneur, la joie, et jusqu’à l’extase.
Il y a un homme enfin, et le seul, qui a fondé son amour sur la terre, et cet homme, c’est vous ô Jésus ! vous qui avez bien voulu me baptiser, me oindre, me sacrer dans votre amour.
Henri-Dominique Lacordaire, O.P., 1802 – 1861
Il y a un homme, Dieu, né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu. Et cet homme est ressuscité, Alléluia !